A petaouchnoc

A petaouchnoc

Huile de foie de morue et les graisses


Huile de foie de morue et les graisses 1

DE L’HUILE

FOIE DE MORUE

DE SES SUCCEDANES

Par F. DUBOIS,

 
   

 

 

Docteur en médecine, lauréat des Sociétés impériales de médecine de Marseille

et de Toulouse, de la Société royale de médecine de Gand ;

membre correspondant de la Société médicale d'émulation de Paris,

des Sociétés impériales de médecine de Bordeaux, Lyon, Marseille, Toulouse ;

de la Société des Sciences médicales et naturelles de Bruxelles,

des Sociétés de médecine d'Anvers, Bruges, Gand, etc.

 

 

 

 

LIVRE PREMIER.

CHAPITRE I.

I

I                                                     .

COUP D ŒIL HISTORIQUE SUR L ACTION THERAPEUTIQUE  DES CORPS GRAS.

 

 

L’emploi thérapeutique des corps gras remonte à une époque très-reculée. Nous lisons dans la Bible, que Tobie ayant pris un poisson monstrueux sur les bords du Tigre, l’ange Raphaël, qui l’accompagnait, lui dit : « Exentera hune piscem, et cor ejus, et fel, et jeeur repone tibi; sunl enim hœc necessaria ad médicamenta utiliter... Fel ejtts valet ad unguendos oculos, in quibus fuerit albugo, et sanabunlur \> [L. Tobiæ, c. vi).

 

Hippocrate recommande l’huile d’amandes douces, ainsi que l’huile de sésame contre la phthisie [Oper., edit. Foesii,p. 484, 407). S’il faut en croire Fedotoff [De oleo jecoris aselli), le médecin de Cos aurait signalé l’huile de poisson comme un remède analeptique propre à combattre l’hystérie.Celse préconise contre la phthisie, l’usage externe dé la'graissé de mouton et de chèvre, ainsi que les frictions huileuses. (L. I, c. vm, l. III, c. cxxn).

 

Pline (Hist. natur., I. XXFIII, XXXII) parle de l’huile de foie de dauphin, du foie de raie (raya pastinaca L.) de la graisse de phoque (phoca vitulina L.) et d’autres corps gras dont l’action thérapeutique était déjà connue de son temps. 11 dit : « Lichenas et lepras tollil adeps vitulini marini...... Quidam delphini jecur in ficlili torrent, donec pinguedo similis oleo fiuat, ac perungunt... Pruri- tum scabiemque non hominum modo sed et quadrupedum efficacissime sedat jecur pastinacœ decoctum in oleo. Podagris articularisque morbis utile est oleum in quo décoda sint intestina ranarum, item vituli marini cujus et adeps prodest... Omnium piscium fluviatilium mari- norumque adeps liquefactus sole admixto melle, oculo- rum claritati plurimum confert. » Le lait de femme est, d’après Pline, un remède avantageux contre les maladies du poumon. 11 recommande contre la phthisie le lard d’une laie maigre, nourrie d’herbe, la graisse de porc, le beurre ainsi que la graisse de chèvre. 11 rapporte que la jnanlèque, mélange de sang et de graisse d’autruche, était fort estimée, chez les romains, contre les douleurs rhuma­tismales et les tumeurs froides.

 

Aretpe conseille, contre la phthisie, l’usage, tant interne qu’externe, de l’huile d’olives (Op., I. I, c. vin). Marcel- lus, médecin romain qui vivait sous Marc-Aurèle, préco­nise la graisse de porc contre la même affection (Pan den Bossche, hist. medec.). Cælius Aurelianus loue l’efficacité de l’huile d’olives contre les vers (Oper., t. II,p. 340). On voit figurer les huiles et les noix parmi les vermifuges re­commandés par Alexandre De Tralles (Epist. de Lumbri- cis, etc.).

 

Un militaire, au service des Pays-Bas, le capitaine Geiger, qui a parcouru la Cafrérie et le pays des Hotten­tots, assure que l’huile de poisson est employée, de temps immémorial, coqime remède populaire, par les habitants de ces contrées. Cette huile est préparée avec le foie d’une espèce de raie dont la queue est en forme de dard et qui est appelée vulgairement, par les Hottentots, Roch Pyls- taart. 1

 

La décoction de graisse de mouton dans du lait est, de­puis bien des siècles, un remède populaire, en Angleterre, contre la phthisie [Saies-girons).

Nous avons parlé du rôle des corps gras dans la théra­peutique des anciens, venons maintenant à leur usage, dans des temps beaucoup plus rapprochés de nous.

Rondelet [De piscibus, l. 1, c. i — l. XIII, c. ix) parle de l’huile de humantin (squalus centrina L.) contre lesquirrhe du foie, l’hydropisie et les douleurs articulaires. 11 fait également mention de l’emploi du foie de raie contre la démangeaison. « Le foie de raie, dit-il, avec le fiel, est't) Tout porte à croire que ce poisson est, soit la paslenaque, raya pasti­naca, L., soit l’aigle de mer, raya aquila, L

bon contre la mangeson au lieu du foie de la pastenague (/oc. cit., I. XII, c. xvn).

Dodoens (Prax. tnedic.) recommande contre la toux les frictions sur la poitrine avec l’huile d’amandes douces, la graisse de poule ou celle de chapon. Au rapport d’Ain- ! broise Paré, l’huile d’olives, prise par la bouche, fait périr les vers (Oper., I. XX, c. v).                                                                                         |

Schenckius cite le cas d’un espagnol qui fut guéri d'un cas de phthisie des plus graves en se tenant à l’usage du ! pain et de l’huile, pour tonte nourriture (Obs. med.,

  1. XI).

Olivier de Serres, dans son théâtre d’agriculture [édit. \ de 180$, t. II, p. 691) dit en parlant des remèdes à opposer à la phthisie : « Le malade se fera oindre, soir et matin, la poitrine, devant et derrière, avec l’huile d’aman­des douces et beurre frais. »

 

L’huile de sésane est, au rapport de Prosper Alpin, un remède fréquemment employé, en Egypte, dans différentes maladies de la peau (Deplantis Ægypti, p. 99).

 

Rivière regarde l’huile de pieds de veau comme un re­mède excellent contre la goutte (Prax. medic., I. XFi, c. /). 11 affirme que l’huile d’olives est un remède populaire contre les vers (Ibid. I. X).

 

La graisse de daim, associée au lait, est, d’après Scroe- der, un remède utile contre la phthisie; il recommande l’huile de lote, gadus Iota, L., ainsi que la graisse de caille contre les taches de la cornée (Pharm. medico-chim.

  1. F, p. 682).

Macasius, en 1654, recommande la graisse de serpent contre les scrophules (Prompt, mat. med.).

 

En Écosse, on donne, depuis deux cents ans, du lard frit

 

CHAPITRE I.  

                                        

  1. BorelLi (Hist. et obs. medico-p/vys.,cent. iv, p. 269), Hartmann (Prax. chym.,p. 95), Laozoni (Zoologiaparva, e. xm) et Ettmuller (oper., t. I, p. 815) ont signalé, après Forestus, l’utilité de l’huile de foie de lote, gadus Iota, L., contre les taches de la cornée.
  2. Borelli, en 1657, parle de l’usage qu’on faisait, à cette époque, du beurre de femme poqr combattre la phthisie (toc ait., cent, iii, obs. xxcu).

Fr. Hoffmann a employé avec succès la graisse de chien contre la phthisie (Sied. rat. System., t. IF., c. x). 11 vante les heureux effets des huiles en application locale dans plu­sieurs affections du cuir chevelu. « Nihilad reprimenda capitis ulcerosas efflorentias reperilur Falentius quam pinguia oleosa » (ibid. t. III, p. 189).

 

Le beurre est, pour Lanzoni, un remède fort efficace contre la phthisie et l’ophthalmie (Oper., 1.1. p. 394).

 

Michel de Heredia, médecin de Philippe, roi d’Espagne (oper., Lyon 1665), et Fonseca, célèbre médecin portu­gais (ConsuU. med.), ont recommandé contre la phthisie les frictions avec la graisse de vipère, le long de l’épine dorsale.

 

Louis de Serres, 1669, dit que « l’huile d’amandes dou­ces est grandement profitable aux phthisiques » (La véri­table médec. opposée à (erreur, etc. Lyon, 1669).

 

 1671, p. 207).

Jérôme Reusner préconise la graisse de hérisson contre la goutte (oô#. 115).

 

D’après Lanzoni, le Salmone thymalle, Salmo thymal- lus, L., fournit une graisse d’une belle couleur rougeâtre, qui est employée contre les taies (loc. cit., cap. xix).

 

Morton conseille contre la phthisie l’usage fréquent des corps gras à l’intérieur, mais surtout l’huile de lin récente [Phtkisiol., l. II, e. vin).

 

Baglivi vante le beurre associé au sucre contre les toux catarrhales les plus intenses (Prax. med., I.1, p. IIS).

 

Rosi nus Leptilius faisait recouvrir la* poitrine des phthi­siques d’une forte couche de graisse de chien (Miscell. medico-pract.). '

 

Lemery prétend que la chair de l’ange de mer, squalus squatina, L., qui contient, selon lui, de l’huile, en abon­dance, « est propre pour les maladies de consomption et pour ceux qai tombent en chartre. » 11 dit que les Indiens font beaucoup de cas de la graisse de mangouste con­tre les scrophules, le rhumatisme et la goutte (Dict. des drogues).

 

L’huile d’olives est, d’après Andry, un remède efficace contre les vers [De la génération des vers).

 

Labat [Hist. nat. des Antilles) raconte que la graisse de serpent est fort estimée, dans cette contrée, contre le rhumatisme et la sciatique.

  1. Hermann fait mention de futilité de la graisse de hé­ron, unie à celle de caille, de la graisse du salmo thymallus contre les taches de la cornée; de la graisse de daim et de celle de cheval contre la phthisie ; de la graisse d’anguille, et de chat contre les affections articulaires (Cynosura mat. medic., t. III).

Passerai de la Chapelle [Ane. joum. de médec., t. FI, p. 305), Binet [id. op., t. XV, p. 214), Baumes [ibid.,

CHAPITRE l.                                  7

  1. LH, p. 406), ont publié des faits en faveur de l’effi­cacité de l’huile de noix contre le ténia.

Nous lisons dans Morgagni un cas de guérison de phthi­sie, à l’aide de l’huile d’amandes douces (De sedibus et causismorb., epist. 4S, c. xxi).

 

L’huile de foie de morue, mais surtout l’huile de baleine, est un remède populaire connu depuis nombre d’années en Allemagne, en Angleterre, en Belgique, en Hollande, etc. Katsenberger -dit que son père, vieillard de quatre-vingt dix-huit ans, lui a raconté que dès le commencement de sa carrière médicale, l’huile de foie de morue était déjà considérée comme un remède puissant contre la goutte (Hufeland jotim., 4834).

 

D’après Bardsley (Med. reports, London 4807, p. 30) dès 1766, l’huile de foie de morue était employée contre le rhumatisme à l’infirmerie de Manchester où elle avait été introduite par le Dr Kay., Percival, en 1771, (Pereival’s med. essays, p.354), Darbey et Conspruch, vers la même époque, signalent l’utilité de l’huile de foie de morue con­tre celte maladie.

 

Gunther se rappelle que, dès son enfance, en 1778, ce remède était fort en vogue contre la goutte, à Hardenberg, sa ville natale (Hufeland journ., 4834).

 

Les paysans de la Basse-Saxe, s’il faut en croire Sandi- fort, font usage de l’huile' de baleine contre les vers (Thé­saurus dissert., v. i, p. 367).

Kopp assure que l’huile de baleine est employée, depuis fort longtemps aux Indes occidentales et principalement à l’ile de la Trinité, pour combattre les scrophules, le scorbut, les maladies de la peau et du foie (Denkwürdigkeiten in der œrzliche, prax. Bd. îv).

Heberdea administrait l’huile de lia en lavements contre les ascarides vermiculaires [Med. transaat., v. i, p. 49).

 

Gouan se loue des effets avantageux qu’il a obtenus de l’huile de noyer contre le leucoma (Mémoires de la soc. de médecine de Montpellier).

 

Dehaen, en 1775, fait les plus grands éloges de l’huile de lote contre les taches de la cornée (Rat. med., pars dec., c. vi, p. 487).

Samuel Moore affirme, dans une thèse soutenue à Edim­bourg, vers 1781, que l’huile de foie de raie est un remède vulgaire, en Ecosse, contre le rachitisme (Webster, medi­cines prax. systema, etc. t. III, p. 88).

 

Jeze, en 1783, (Ane. Journ. de méd., t. LAI AC, p.,439) et Meyer (Mercure génér. de l’Europe, an. 1787) citent des faits qui déposent en faveur de l’huile de noyer contre les taches de la cornée.

 

Beddoes, d’après Salles-Girons (Méth. fumigat de la phthisie, etc.) administrait les corps gras, à l’intérieur et à l’extérieur, pour combattre la phthisie.

 

Marino, Malacarne, Masino, Gamuzzoni, Marcolini ont employé avec succès l’huile d’olives contre le rhuma­tisme (Giacomini., Trait, de mat. médic. et dethèrap.,

 

Thumberg rapporte que le beurre salé passe, au Japon, pour un remède efficace contre la phthisie (Voy., t. III, p.5â).

 

Ainslie raconte que la graisse de dindon est employée à l’intérieur, chez les indiens, dans les affections paralytiques ainsi que dans la raideur des articulations (Mater, med. indic., t. II. p. 200). Il dit que les médecins indous attri­buent à la chair de requin, squalus carcharías, L., des propriétés particulières dans plusieurs maladies, mais sur­tout dans le rhumatisme (loc. cit., t. Il, p. 399).

Labillardière a obtenu les résultats les plus avantageux de l’huile d’olives, à hautes doses, contre le ténia. {Mérat. et De Lensy oper. cit.)

 

Hull, 1801, rapporte un cas d’ostéomalaxie avantageu­sement combattu par l’huile de foie de morue. (Translation of Baudelocque’s mémoire on the cesarian oper, Man­chester, 1801, p. 189).

 

Gouan a été plusieurs fois témoin de l’efficacité de l’huile d’olives, contre certaines taies de la cornée (Journ. génér. de médec., t. XXFIII, p. 460).

 

Les essais tentés par Oliviero, 1810, tendent à prouver l’efficacité de l’huile de radis dans les affections rhumatis­males et pulmonaires (Kluyskens, ann. de littér. méd. étrang., t. X, p. 600).

 

Caulel de Veaumorel dit que la graisse d’hippopotame est considérée, au cap de Bonne-Espérance, comme un remède excellent contre l'a phthisie. (Dict. encycl., t. IX, p. /19).

 

Dès 1817, MM. Van den Bosch, de Rotterdam (Genees- kundige fFaarnemingen, Utrecht 1828), et Bodel, de Dordrecht (ibid), constatent l’utilité de l’huile de foie de morue contre le rachitisme.

 

 

une série de recherches sur l’huile de foie de morue qui attirèrent particulièrement l’attention des praticiens, sur ce remède, et contribuèrent beaucoup à le faire entrer défini­tivement dans le domaine de la thérapeutique. Depuis cette époque, des recherches multipliées, sur ce peint, ont été publiées en Angleterre, en Allemagne, en Belgique, en France et dans d’autres pays.

 

Avant de terminer ce coup d’œil historique, je dois signaler les essais, tentés, dans ces derniers temps, par dif­férents praticiens, pour remplacer l’huile de foie de morue par d’autres corps gras, moins désagréables à prendre et plus à la portée de toutes les fortunes (1).

 

L’un des premiers, j’ai cherché à appeler l’attention des praticiens sur ce point, en proclamant l’unité d’action thé­rapeutique des corps gras (2), et en signalant les résultats avantageux que j’avais obtenus de l’huile de pavot, dans le traitement du rachitisme et des scrophules. Mes recher­ches, sur ce point, ont été publiées, il y a bientôt vingt ans, dans les Annales et Bulletin de la société de médecine de Gand (Bull., 1841, p. S4S. — Annal., 1844, p. SS).Trousseau les cite, avec éloge, dans son excellent traité de thérapeutique et de matière médicale (3e édit., t. i, p. 283).

 

 

Depuis, des tentatives analogues ont été faites, en diffé­rents pays, et avec non moins de succès, par des médecins, dont l’autorité est d’un grand poids : en Allemagne, par Popken qui a tenté l’usage du lard rôti, chez les scrophu- leux [IVochenscrift für die gesammte Heikunde, 4844); en Angleterre, par Duncann et Nunn, qui ont cherché dans l’huile d’amandes douces un remède pour combattre les scrophules {Bull, de Ihérap., 4850, p. 92), par Thompson, l’un des plus célèbres médecins de la Grande- Bretagne, qui a publié des recherches fort intéressantes sur futilité de l’huile de coco et de pieds-de-boeuf dans la phthisie [Bouchardat, ann. cit., 4883 — Bull, de thé- rap., an. 4884); en France, par le professeur Trous­seau, qui a constaté que le lait, la graisse d’oie stipide, mais surtout le beurre, sont d’excellents moyens pour combattre le rachitisme (Bouchardat; loc. cil., 4847).

 

 

Mots-clefs: huile de foie de morue, bienfaits de l'huile de foie de morue, graisse, bienfaits des graisses

 


10/06/2018
0 Poster un commentaire

Ces blogs de Littérature & Poésie pourraient vous intéresser